La pimbêche mal fagotée
Salle d’attente du Docteur Solal. J’ai bien fait de me fier à son nom. C’est cosy. Il y a des tables, des chaises, des tapis carrés vert pelouse et des voilages à fleurs. C’est champêtre. Il ne manquerait plus que la demoiselle de l’accueil, qui n’a pas de blouse blanche mais une tunique violette teinte à la main, m’apporte quelques gourmandises et de l’eau au jasmin, et je cesserai d’entendre Fidel. Qu’est-ce que je vais lui dire, à ce monsieur soleil, si je me sens bien ? Si plus personne ne s’introduit dans ma tête pour me faire croire que la faucheuse est une menteuse ? Le psy, et là, je ravale un fou rire, a vraiment une tête de soleil. La soixantaine, très grand et corpulent. Ses cheveux couleur neige sont hirsutes. Un lion. Mufasa ou Scar, on verra. Il porte un pantalon marron en velours côtelé, une chemise ivoire à manches courtes. Sur son nez, un petit bec qui ne colle pas avec le reste de son visage, une paire de lunettes demi-lune vintage en métal plaqué or quatorze carats menace de tomber à la moindre occasion. Il garde le menton en l’air. Et l’air, malheureusement, est hautain...